Trouvailles

Parti des forêts et des marécages - Laissez-le donc aller où le vent veut - L'enfant avait quitté son lit et sa mère et son père et le pain - Et deux femmes des forêts l'avaient conduit par les mains - Elles étaient deux et jeune je m'en souviens - S'en souviendra-t-on dans les forêts et le Val - Ah le temps qu'il faisait déjà pour l'amour - Et l'amour qu'il faisait et le vent - Etait parti sans boussole et sans pain - Etait parti en travers la carte de France - Etait parti comme le soleil en même temps - Et vous savez qu'il en faut moins - Pour vivre et pour mourir sur terre - Mais il était plus jeune que moi - Et semblablement amoureux du vent

Que celui-là lui jette une pierre. Qui n'a jamais connu l'amour de la terre

On se disait qu'il s'en allait aux Iles - Mais lui ne disait rien car il ne savait rien - Et qu'importait alors qu'il allât plutôt qu'à l'Ouest - Au Sud - Il tombait du Nord vers le Sud - De la maison de son père à l'étable - d'inconnus au bord des routes - Et va va la misère va donc - Jamais il n'aurait dû s'arrêter - Jamais le vent n'aurait dû choir - Jamais il n'aurait dû mourir

Que ceux qui aiment disent avec moi - Que ceux qui aiment ne devraient jamais mourir

Nul ne connaîtra ces chemins de terre et la faim de cet enfant - Et cet enfant ne l'avouera pas de lui même - Est-ce vrai qu'au Sud les gens du Nord se perdent - Et que le soleil rend fou les yeux des sages - Et que la femme brune sous le figuier arrête le plus jeune des voyageurs - Est-ce vrai que l'amour est né sous l'olivier - Que l'amour né dans l'air de Provence ne meurt - Si ce n'est pas vrai dites-lui donc

(...)

 

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Vingt-deux cantiques des terres bien-aimées

I - le cantique d'Ar

le cantique d'Ar