PIERRE-ANDRE BENOÎT donne la parole à René-Guy Cadou - Joseph Delteil - Jules Mougin, et fait dessiner Robert Morel MA REVUE - n°10, avril 1952 Jules Mougin. L'hiver. Des cendres autour d'une braise rouge. Sur une table en bois blanc, parmi de vieilles choses un petit livre est ouvert. Un livre d'église plein de prières. Il fait froid. Près du lit, des chaussures à tiges. Usées. Elles gardent l'empreinte des pieds. Avec des bosses. Le froid les a saisies. Elles semblent avoir crié longtemps. René-Guy Cadou. Derrière. Derrière le mur. Là-bas. Derrière l'hôtel de la gare. Derrière la mer. Au loin. Derrière la porte. Dites! derrière. Derrière cette vie. Derrière le gros verre à vitres des journées. Qu'y-a-t-il pour me rassurer ? Un mur de briques ? Une porte ? Exprimer son temps, être le reflet de son temps: la lune, quoi! Ces générations les unes après les autres comme un lot d'alevins dans la rivière... L'home est-il né ? ou est-il encore en matrice ? Tu seras deux ! Joseph Delteil. Monsieur Intelligence et Madame Instinct. La réalité, la pire des folies... L'art, cet attrape-Dieu... Dieu-putain - "Tu montes, beau blond?" Gagner sa vie ? Perdre sa vie ? Le corps, c'est le temps et l'espace de l'homme. Le soleil arêté. Comme un camion sur la route ? Qui de vous m'achèvera, Messieurs ? Ah! Ah! Qui m'achèvera ? Comme une feuille morte Sous le pas du facteur. Comme un blessé de la dernière heure. A midi juste. Entre les lignes.
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