Robert
Morel a voulu faire paraître dans les années 1945 un livre
sur l'Alsace durant la deuxième guerre, je vous présent
ici son tapuscrit pour la partie 1940 |
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L'ALSACE en 1940 |
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28 juin : première visite de Hitler en Alsace. A midi et quart, en sortant de la cathédrale de Strasbourg, en haut des trois marches, Hitler, d'un grand geste montre la tour, la flèche et s'écrie : « Et maintenant allons-nous encore une fois céder cela ?... « Toute la troupe massée sur la place hurle longuement : « Nein... » Il n'y a que deux civils, témoins, par hasard : le sonneur de cloches, et une veille de Graffenstaden. Juin : Les préfets, les sous-préfets, les maires, les hauts-fonctionnaires sont démis de leurs fonctions, expulsés, mis sous surveillance ou emprisonnés. Juin : Des Stadt-Komissäre (commissaires de la ville) s'installent dans les mairies, des Kreisleiter (chef de district) dans les villes, des Landkommissäre de Bade remplacent les préfets (commissaires rural) ; et l'Alsace passe sous administration civile de Robert Wagner, Gauleiter (chef de province) à Strasbourg (I). Juillet : L'Administration allemande remplace l'administration française. 14 juillet : « Décision relative aux biens des ennemis du peuple allemand et du Reich en Alsace. 1° En vue de protéger les biens alsaciens contre les agissements néfastes tendant à des emplois contraires aux intêrets du peuple et du Reich allemand, ces biens seront confisqués au bénéfice du Reich. En droit il ne pourra donc plus être disposé de ces biens. 2° Sont considérés comme « bien ennemis du peuple et du Reich allemand » tout objet de droit de toute catégorie pouvant être utilisé et destiné à favoriser toute activité contraire au peuple et au Reich allemand. Sont considérés comme tels tous les biens :
Le chef de l'Administration et de la police décideront des autres fortunes non comprises dans cette catégorie et qui seraient susceptibles de servir contre le Reich ; la même procédure est applicable dans les cas de doute. 3° la gérance des biens séquestrés appartiendra à un office judiciaire nommé par moi, qui sera autorisé à prendre toutes mesures et dispositions dans les cadres de l'Administration courante. La présente décision entre en vigueur avec effet immédiat. Strasbourg, le 14 juillet 1940 Robert Wagner (I)
16 juillet : ordonnance : 1° Tous les services publics en Alsace y compris l'Administration des communes, des collectivités de droit public, des églises et des fondations, ainsi que les tribunaux emploieront exclusivement la langue allemande oralement et par écrit. La population alsacienne se servira exclusivement de sa langue maternelle allemande pour s'adresser à ces services. 2° Il sera fait exclusivement usage des prénoms dans leur forme allemande. Désormais, seuls les prénoms allemands pourront être inscrits sur les registres de naissance. Il est recommandé aux Alsaciens portant des noms ou des prénoms français qui n'existent pas dans la forme allemande, de solliciter un changement afin de manifester leur attachement au germanisme. 3° Les entreprises et les exploitations ayant leurs siège en Alsace, et dont la raison sociale est française en tout ou partie, devront remplacer cette raison sociale par une désignation allemande correspondante avant le 15 septembre 1940. 4° les livres et la comptabilité de tous les commerçants seront tenus en langue allemande ; 5° Les inscriptions des cimetières devront être faites désormais en langue allemande (ceci s'applique aussi aux inscriptions qui seront refaites). Juillet : les bornes kilométriques, les indicateurs de routes, les noms de rues, les boîtes aux lettres, les monuments publics...sont exclusivement revêtus d'inscriptions allemandes. Toutes les traces françaises sont effacées avec acharnement ; et comme à Mulhouse, les plaques des bornes fontaines ne peuvent être remplacées et sont couvertes d'inscriptions françaises, du bitume est coulé par dessus. Juillet-Août : Le Parti prend des mesures relatives à la Presse, à la Radio et au cinéma Août : Les poteaux frontières sont rétablis sur l'ancienne frontière de 1870, à la crête des Vosges. Septembre: Les douaniers s'installent au long de la nouvelle frontière. Septembre : Commence les expulsions massives. Autômne 1940 : Tous les Alsaciens doivent déclarer avant le 23 décembre 1940, tous leurs biens et valeurs se trouvant à l'étranger, y compris la France, et signer une procuration pour le rapatriement de ces avoirs. Interdiction de tous les actes notariés. Août : dispersion des associations de jeunesse, quelles qu'elles soient 30 août : Ordonnance sur les Compagnies d'assurances qui les rendent dépendantes des Compagnies allemandes Octobre : « ...dès le I° octobre 1940, les écoles alsaciennes étaient prêtes à fonctionner comme des écoles allemandes... » (II) Les lycées sont nommés et sont des Mittel-Schüle (Ecole moyenne) allemandes. Octobre : Dissolution de l'Entre'aide alsacienne. 15 Décembre : Ordonnance sur les bibliothèques privées : "certains Alsaciens ont encore des livres français, et par conséquent doivent s'en débarrasser ; les associations de la Jeunesse hitlérienne passeront chez eux faire le ramassage du 15 au 17 décembre". 28 décembre 1940 : lois sur le regroupement et le remembrement. Décembre : Introduction de la Loi de l'Empire et les réquisitions. Hivers : édification des premiers villages de colons du Tyrol du Sud et de Bessarabie. Hiver : instauration de lois douanières très sévères entre la France et l'Alsace, qui rendent impossibles les exportations en direction de la France.
(I) la documentation a été trouvée sur place ou utilisée d'après le cahier clandestin XXX-XXIII, Alsace et Lorraine, Terres française du « Témoignage chrétien », et les notes documentaires de mars 1945, N°40 du Ministère de l'Information. (II) discours du 22 mars 1941 de Schmitthernner, ministre d'Etat. |
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