Je regrette d'avoir à répondre publiquement, - et peut-être sévèrement, à l'article de Loys Masson publié ici (I) sous le titre « Les Catholiques et la peur ». Je le regrette non seulement parce que j'ai une vieille et forte estime pour la poésie et la générosité de ce plus évident poète de notre temps, non seulement parce que je suis lié d'affection avec Loys et Paula, - mais surtout parce qu'il n'est jamais bon que des catholiques se querellent sur la place publique.
Pourtant comme il ne peut être question d'une querelle, je dépasserai la peine que j'éprouverai à rectifier la pensée violent et sympathique de Loys Masson, Et voici ce que je crois nécessaire que le monde, catholique ou non, sache.
C'est que si le catholicisme ne doit (ne devrait, hélas ! ne devrait !) pas être ce qu'on appelle « la droite » en matière politique ; il ne doit, (il ne devrait, encore une fois hélas !) pas être davantage ce qu'on appelle « la gauche ».
Qu'il y ait des catholiques royalistes comme Monsieur le Curé Bayle ou des catholiques communistes comme Loys Masson, je m'en moque si l'un et l'autre sont capables avant tout d'être catholiques plutôt que royaliste ou communiste !
Mais que, par leurs actes, leurs presses, par leurs pensées, ils en viennent à imposer au monde que catholicisme veut dire capitalisme ou que catholicisme veut dire communisme, - nous serons quelques uns de Rome, de Moscou, de Mulhouse, de Paris à dire non.
Ce n'est pas que je réclame la place du milieu, la province de la neutralité pour la chrétienté de ce monde...
Il importe que cette chrétienté soit partout, et elle peut être manifestée partout. Cela est aussi évident qu'il est évident que toutes les formes de totalitarisme sont contraires à la pensée chrétienne. Il est regrettable qu'il n'en soit point toujours ainsi pour des raisons que Bernanos a dénoncé assez souvent, mais il est encore plus regrettable que des jeunes chrétiens comme Loys Masson prétendent y remédier en déplaçant l'Eglise d'un autre côté, vers la gauche.
L'Eglise n'a rien à voir entre cette gauche et cette droite. Elle est autrement posée sur la terre (...)
(I) voir "Les Etoiles" du 27 Novembre 1945
L'étoile
des bergers et des mages, par Robert Morel |
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