Un extrait d'entretien qui peut comporter quelques erreurs de retranscription : Une interview de Robert Morel par Michel Polac sur une terrasse du Hameau du Jas. On découvre en noir-blanc le hameau du Jas. Robert Morel est interviewé (l'émission est initialement consacrée à Maurice Lelong - Robert Morel - Les Bergers).

 

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Sur la première chaîne de l’ORTF: Michel Polac présente La Bibliothèque de poche - 15.07.1969.

- C’est simplement un livre qui a une forme actuelle. On a transformé les fourchettes, les bouteilles, les voitures, et le livre, ça n’a pas bougé. La forme du livre reste très conventionnelle, morte. C’est une forme morte. C’est pas un gadget,  je n’ai pas voulu faire un gadget en lançant les o, mais trouver une forme de livre populaire, pratique, facile à ranger, facile à promener, facile à suivre, on tourne la page, on reste à la page où l’on s’est arrêté. Et bien sûr, les gens de mon age considèrent ça comme un gadget, mais les jeunes disent, et c’est ça qui me fait plaisir, « Enfin des livres pour nous ! ».
Ce que j'aimerais, c’est qu'un jour à partir d’un de mes livres, les gens ne puissent plus vivre dans leurs maisons, et se mettent à construire une maison autour.
En venant ici, en pariant sur le soleil, la terre et une certaine qualité de silence, de tranquillité, je réalise le rêve de tout le monde, donc ce n'est pas extraordinaire.


- Parce qu'on imagine là, on est installé dans une terrasse avec cette ravissante maison derrière, que c’est un lieu de repos, en vérité c’est un lieu de …


- C’est un lieu de travail.


- C'est un lieu de travail, vous avez vos bureaux là.


- On est seize à travailler ici, on sort qu’un à deux livres par semaine.


- C’est presque trop.


- Puis un arbre, ça grandit ça donne de plus en plus de feuilles, de pommes,  ce sont mes pommes, mes figues.


- Alors vous avez commencé surtout par des Célébrations, qui est votre collection la plus célèbre, maintenant les o. Ce sont généralement des textes qui sont d'une très grande modestie, je veux dire la « Célébration du poireau » ou la « Célébration du trou »…


- Et bien c’est ce que j’aime. Je crois que c’est très important de retrouver le sens de tout, mais des choses élémentaires. Le sens du pain, le sens de la chaise, le sens du geste que l’on fait, mais le geste quotidien. Je n’ai pas envie de faire de très grandes choses, mais de dire à mes contemporains : «  Voyez, vous vivez bien, vivez tout à fait, aimez tout à fait, mangez bien, quoi, aimez bien ». Ce ne sont pas des leçons de morale, non, non ! C’est la leçon du maître zen que nous citait André Masson.

(…)


- Venons en à vos lectures … Vous avez toujours été un grand lecteur.


-  Grand lecteur …, c’est par période, c’est un peu comme tout, il y a des moments où l’on aime un vin ou l’on aime l’oignon, l’ail. Des moments où l’on aime lire ou tel genre de livre, … des romans d’anticipations. Il y a des moments où j'ai une boulimie de romans d’anticipation. Les romans de Vogt qui me semblent extraordinaires, c’est extraordinaire. Tout y est dedans.  Et il y a d’autres moments où je lis moins, ça dépend...

(…) Il s’ensuit une discussion autour de ses lectures, de la bible des saints, de Delteil. Robert Morel parle de la littérature orale, des textes simples.

- Autrefois, le livre, et c’est ce que l'on a perdu avec nos livres de forme traditionnelle..., le livre appartenait à celui qui l'avait. On ajoutait des choses, on peignait dedans. Il y a des bibliothèques dont les livres étaient tous mis à l'envers et c’était la tranche qui était peinte. Et ça on ne le fait plus, on n'ose plus le faire.

 

On assiste ensuite une discussion autour d’une table où les enfants invités avaient envie d’être ailleurs… On y entend Odette Ducarre, Lucien Henry.

 

 

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