Tapuscrit de Robert Morel: Le témoignage en poésie de Patrice de la Tour de Pin

tour de pin

 

Voici que la tentative, l'aventure de Patrice de la Tour du Pin est au terme de son désir intitial : « UNE SOMME DE POESIE » (I) construite à plusieurs âges, en plusieurs lieux de la terre jusqu'en prison de guerre allemande, néee surtout dans la campagne du Bignon-Mirabeau, les bois, les près, les haies, les étangs, les saisons du Loiret, cette « Somme de Poésie » vient de paraître : 620 pages, 9 « Livres », plus de 20.000 vers. C'est le « chef d'oeuvre » d'un compagnon en poésie qui par ce fait de haute lutte et quête vaillante, devient maître en poésie s'il en est après le Seigneur.

Cet événement, attendu par les premiers lecteurs de 1933, lorsque parut le premier extrait de la « Somme »,lecteurs que l'enthousiasme avait transmué en amis de cette oeuvre d'une originalité de forme et de pensée sans précédent dans notre histoire littéraire française, cet événement a été reçu avec une joie impatiente. Trop d'impatiences en regarde de la patience du poète ! Une patience de vingt années ! Cet événement a dénombré les admirateurs et les détracteurs, et surtout ceux qui en Art ont admis le Chemin de Damas de l'auteur. Mais Patrice de La Tour du Pin a déjà acquis cette victoire : c'est qu'à son témoignage n'a pas répondu l'indifférence. Il n'a pas chanté dans le désert.

Je me suis creusé le lite de ma voix

Mais je ne suis pas mon seul habitant

Une telle oeuvre, aussi lourdement présentée qu'elle soit, aussi indigeste et lassante qu'elle paraisse au premier abord, aussi décevante que la suggèrent ceux qui aujourd'hui ont horreur de la vie privée, une telle oeuvre de marque est pourtant la lecture nécessaire à ceux qui s'interrogent sur les besoins, les limites, les dangers, les grandeurs de la poésie, - et, partant, de la vie en ce siècle.

(...)

Et il en est ainsi. Quand j'aurai dit que ce témoignage en poésie quoique d'une vie intérieure s'est orienté dans la tragédie du siècle, retrouvant le Dieu vrai et le Dieu bon avec la boussole de la souffrance, j'aurai peut-être invité quelques uns des Allemands souffrants à y puiser réconfort et excitation comme dans un autre quête du Saint Graal. Que la vie de Patrice et son oeuvre future, celle qu'il annonce comme étant l'expérience publique et non plus privée, conservent le sens de ce chemin parcouru, et que nous soyons tous ensemble avec nos myens sur le chemin du Seigneur. C'est sur ce chemin que je salue fraternellement l'Allemagne, et suis à son service.

Robert morel

 

(I) Ed. Gallimard, rue Sébastien-Bottin, Paris.

 

 

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