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LE DEBAT POUR OU CONTRE LA TELEVISION DES TOUT PETITS EXISTE ET EVOLUE. Il EXISTE DES ARGUMENTS PLUTÔT RASSURANTS SUR CERTAINS PROGRAMMES, MAIS IL Y A PLUS D'ARGUMENTS PRESENTES PAR DES PERSONNES QUI NE SONT PAS CONVAINCUES PAR CE TYPE DE PRESTATION A L'ENFANCE.

Vous trouverez ci-dessous une vidéo de Serge Tisseron, psychiatre, psychanalyste, docteur en psychologie, spécialiste de l'image et de la vidéo chez l'enfant. Elle a été extraite d'une page "Pas de TV avant trois ans" d'un site du ministère de la communauté française de Belgique, yapaka.be qui propose d'éviter la maltraitance chez l'enfant. Le livre qu'il a écrit "Les dangers de la télé pour les bébés" est disponible gratuitement, il est en pdf.

 

 

 

REMPLACER LA FAMILLE

"Le petit écran a eu deux principales conséquences dans la vie de l'enfant. D'une part, il a introduit de nouveaux modèles d'identification à travers les héros d'aventures, mais aussi les grands sportifs ou les personnages des feuilletons. La télévision a importé des modèles extra-familieux dans la famille, et cela d'autant plus que cette famille est fragile, en rupture de références et que les liens transgénérationnels sont faibles ou absents.La culture télévisuelle prend ainsi en charge le   morcellement de la famille et propose un cadre rassurant, celui de la grande faille télévisuelle, celle des cercles comiques ou intellectuels, celle où l'amie conseille telle cuisine, où le présentateur propose tel achat, celle où on réfléchit tous ensemble sur tel problème. J'aime Untel ou Untel disent les enfants, comme s'il s'agissait d'un proche, alors que dans le même temps les parents réels sont absents, inconnus et que l'enfant est incapable de dire qui est son oncle, sa tante ou son grand-père.Les prénoms donnés aux enfants à leur naissance s'inspirent directement des vedettes préférées des parents ou des personnages de leurs feuilleton habituel.

Il se développe ainsi une relation d'un type particulier qui prend en charge les signifiants manquants de la vie réelle pour leur donner une forme illusoire, factice, car elle cultive le faux -soi qui vient combler le vide du vécu, en favorisant les apparences. Ceci rend possible que la télévision devienne une véritable prothèse pour l'identification des sujets téléspectateurs. La relation omnipotente que l'enfant établit avec cette fausse présence vient combler le manque et l'émiettement qui sont produits par la société dans le monde réel.

Cette relation faite de fascination jouissive de ses objets est caractéristique du transfert télévisuel. Elle situe le sujet dans une position fétichiste où « Etre avec » n'engage à rien. La publicité à la télévision cultive le règne de l '«l'avoir » comme autant de biens venant combler nos besoins Lorsqu'elle s'adresse directement aux enfants, la publicité télévisée vise essentiellement les besoins corporels et ludiques des enfants, mais elle utilise son image à d'autres fins que de nourrir toutes ces petites bouches gourmandes ou assoiffées ou de les faire jouer. Elle peut aussi faire rêver sur la perfectibilité du corps avec les cosmétiques pour adultes par exemple.Ainsi, la fétichisation du corps est à l'oeuvre par l'utilisation de l'image de l'enfant comme faire-valoir marchand pour des produits qui n'ont rien à voir avec lui." 1.

 

 

PLUTÔT UNE PERCEPTION NEGATIVE DE LA TELEVISION POUR TOUT PETIT

"Le Collectif interassociatif enfance et média (CIEM) part en guerre contre la nouvelle chaîne de télévision BabyFirst, lancée le mardi 16 octobre sur le "pack famille" de CanalSat. Destinée aux petits de 6 mois à 3 ans, cette chaîne diffuse vingt-quatre heures sur vingt-quatre de courts dessins animés et des films d’animation aux couleurs vives, aux mouvements lents, aux images simples. Des procédés qui, assurent les responsables de la chaîne, favoriseraient l’apprentissage du bébé et l’aideraient à développer son langage, à éveiller ses sens, à améliorer sa capacité de concentration et à découvrir l’autre.

Le CIEM a donc saisi, vendredi 16 novembre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour lui demander "de faire respecter par les opérateurs de câble et satellite français l’article 22 de la directive "télévision sans frontières". Cet article interdit "la diffusion de programmes susceptibles de nuire gravement à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs". Contacté, le CSA déclare qu’il recevra rapidement des représentants du CIEM mais que, "juridiquement, la chaîne BabyFirst échappe à (son) contrôle car elle émet de Grande-Bretagne".

Pour le CIEM, s’il y a danger pour l’enfance, le CSA est en droit d’intervenir. Le collectif entend également alerter la défenseure des enfants, les parlementaires et, s’il le faut, le Conseil de l’Europe.

BÉBÉS TÉLÉPHAGES

Le CIEM prône l’interdiction de toute chaîne destinée aux enfants de moins de 2 ans, nuisible, selon lui, à leur épanouissement et à leur développement. Et il invite à signer l’appel lancé par des pédopsychiatres et psychiatres français, dont Serge Tisseron, pour réclamer "un moratoire contre la fabrique de bébés téléphages". L’appel réclame l’interdiction des chaînes en continu pour les tout-petits en attendant "d’en savoir un peu plus sur les relations du jeune enfant et des écrans". La télévision est au mieux "inutile", au pis "néfaste" pour les tout-petits, considère le pédopsychiatre Stéphane Clerget. Selon lui, elle favorise l’hyperactivité avec un déficit de l’attention, bloque la capacité de création imaginative et porte atteinte au rapport au temps. "Le principe même d’une chaîne consacrée aux tout-petits risque de laisser penser aux parents qu’elle est utile à leur développement, ce qui est faux", dit-il.

A l’inverse, Arié Guez, directeur de la distribution en Europe de la chaîne, assure que "BabyFirst est destinée aux tout-petits et à leurs parents afin de leur permettre de communiquer. "Nous essayons de mettre des programmes qui créent de l’interactivité". En réalité, les parents restent rarement devant la télévision avec leurs enfants.

Lancée en mai 2006 aux Etats-Unis, BabyFirst est regardée, selon ses promoteurs, par 73 millions de foyers dans 28 pays. Ce n’est pas la première chaîne de ce genre. En France, Baby TV a fait son apparition en octobre 2005 sur le même principe : programmes adaptés, pas de publicité, diffusion ininterrompue." 2.

 

 

Le CIEM (collectif interassociatif Enfance et Média) part en guerre contre les télévisions pour petits enfants (ci dessous un extrait de leur site)

"L’émergence de chaînes pour les bébés de moins de 2 ans

Deux chaînes de TV se partagent désormais les bébés en France. Baby tv qui s’adresse aux « tout petits » et Baby first qui cible les enfants de « 6 mois à 3 ans ». Les deux chaînes ont été autorisées par le Royaume Uni (OFCOM, instance de régulation) et n’ont donc pas besoin de passer devant le CSA. Aucune chaîne française n’avait été autorisée jusque là à diffuser en continu, 24 heures sur 24, des programmes visant explicitement les moins de 2 ans.

La nécessité d’une action collective rassemblant tous les acteurs concernés pour faire prévaloir l’intérêt supérieur de l’enfant

La commercialisation de la première chaîne en 2005 puis de la seconde en octobre 2007 a suscité une vive émotion chez les pédopsychiatres comme chez les éducateurs. Le CIEM qui rassemble un grand nombre d’associations impliquées dans l’éducation des jeunes et l’accompagnement des familles souhaite dégager une synergie entre tous les acteurs responsables afin d’aboutir à une situation conforme à l’intérêt de l’enfant et au principe de précaution. Le combat sera long et difficile, comme chaque fois qu’il s’agit de limiter la liberté d’acteurs économiques. Le CIEM souhaite soulever, dans une perspective constructive et dynamique, toutes les dimensions du problème que de telles chaînes posent à la société dans son ensemble : la dimension psycho affective, éducative, économique et juridique.


Sommaire: Les problèmes posés par ces chaînes

1. Le problème psycho affectif

1.1 - Les valeurs à défendre : le caractère vital de la motricité et de l’affection portée à l’enfant

Il est établi par les approches psychologiques, psychanalytiques et par l’approche cognitive que le développement du bébé passe par le développement de sa motricité dans un environnement affectif qui permet la mise en place d’un attachement. C’est la motricité et la manipulation d’objets réels qui favorisent le développement intellectuel du bébé, l’affection qui permet l’émotion, la mémoire, la capacité de supporter la séparation, qui stimule notamment l’envie de vivre et l’amour du corps si important pour le développement équilibré de l’enfant.

1.2 - Les dangers de ces chaînes

La diffusion en continu de programmes destinés aux bébés peut engendrer quatre types de risques pour leur développement :
- création d’une dépendance vis-à-vis de l’objet télévisuel,
- frein au développement intellectuel et émotionnel du bébé,
- isolement affectif et refus de s’engager dans la vie,
- dysfonctionnements langagiers,
- troubles de la concentration.

 

2. Un problème éducatif

2.1 - Les valeurs à défendre : un environnement culturel diversifié respectueux de l’âge de l’enfant et passant par des contacts humains

Respecter le rythme du développement de l’enfant, c’est d’abord tenir compte du fait que le bébé n’est simplement pas mûr pour comprendre les images qui lui sont proposées. Il n’a donc pas besoin d’images animées.
La France propose des systèmes de garde diversifiés pour les bébés : crèches, assistantes maternelles, puis dès deux ans, la possibilité d’aller à l’école maternelle. Les parents peuvent ainsi être accompagnés dans l’éducation des enfants, ce n’est pas le cas de tous les pays.
Dans le domaine des médias, la France a un secteur de l’édition jeunesse et de l’animation audiovisuelle de qualité. Mais pour y avoir accès l’enfant a besoin à cet âge d’un accompagnement personnalisé.

2.2 - Les dangers éducatifs liés à l’utilisation de ces chaînes

- La diffusion de programmes en continu peut représenter très vite un risque de fatigue nerveuse excessive pour un bébé.
- Le fait d’accoutumer des parents à placer dès leur plus jeune âge leur bébé face à la télévision participe d’un mode de socialisation inapproprié qui fait des médias un élément crucial de leur éducation alors que l’enfant n’est pas en âge de comprendre les médias animés.
- L’écoute accompagnée risque d’être un leurre. Ces chaînes encouragent le visionnage de leurs programmes avec les parents, alors qu’elles répondent surtout à une demande d’aide à l’endormissement et à la tranquillité. D’ailleurs du fait de leur lenteur, ces programmes sont difficiles à suivre par des adultes.
- Un formatage des goûts sans respect de la diversité culturelle ni de la transmission d’une culture d’origine : ces chaînes diffusent des programmes essentiellement d’origine anglo-saxonne (et américaine) et n’ont aucun quota français. Cela est particulièrement choquant dans un pays qui s’est battu pour maintenir une diversité culturelle.

 

3. Un problème économique : le bébé au centre d’une logique de séduction commerciale à l’égard des familles

La plupart des chaînes de télévision sont financées par la publicité. Ces chaînes ont déclaré avoir renoncé à la publicité, mais constituent des produits d’appel pour des bouquets de chaînes payantes. Le lancement de ces chaînes correspond donc à une opération de fidélisation des familles par l’offre de bouquets de chaînes ciblant chaque tranche d’âge, opération très utile pour des chaînes qui vivent essentiellement du volume de leurs abonnements. Avant même de savoir parler, l’enfant est donc constitué comme cœur de cible. Il le sera aussi pour leurs produits dérivés.

Ces chaînes s’inscrivent dans des logiques de groupe. Baby First est détenu par trois investisseurs Regency Enterprises, Kardan N.V, Bellco Capital. Regency enterprises a des activités liées au cinéma et à l’audiovisuel. Elle est détenue à 20 % par News Corporation de R. Murdoch. Baby TV a été rachetée par Fox international Television, qui appartient aussi au groupe News Corporation.

Il y a de nombreuses raisons économiques pour que des groupes industriels s’intéressent aux enfants dès leur plus jeune âge. On observe récemment un relatif désengagement des préadolescents, attirés par Internet, vis-à-vis de la télévision. Le lancement de chaînes bébés pourrait être une « attaque » marketing de cibles plus jeunes afin de mieux les fidéliser à l’outil télévisuel. Même si elles ne diffusent pas de publicité, le fait d’habituer les bébés à regarder très tôt la télévision peut aussi faire d’eux des téléspectateurs particulièrement dociles pour les messages qu’ils regarderont par la suite. De plus, en l’absence d’une convention passée avec le CSA, l’absence de publicité ne constitue pas un engagement durable.

 

4. Un problème juridique : la commercialisation de ces chaînes porte atteinte à la protection des mineurs et au principe de précaution

Ces chaînes ne se contentent pas de diffuser des programmes en continu pour les bébés. Loin des précautions élémentaires préconisées par la plupart des pédopsychiatres, leur commercialisation s’appuie sur un discours qui valorise l’usage de la télévision par les parents auprès des tout-petits. Baby TV se présente comme un moyen de développer « l’éveil » du bébé, Baby first comme une stimulation qui aide le bébé à « mieux se structurer mentalement » et notamment à « « muscler » sa mémoire » . Ces discours risquent d’induire en erreur de nombreux parents et de les encourager à des comportements qui mettent en danger le développement des enfants. Les affirmations de ces chaînes ne s’appuient sur aucune étude sérieuse.

Laisser faire la commercialisation de ces chaînes porte atteinte à plusieurs principes fondamentaux :
- le respect du développement de l’enfant, principe consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant ;
- la protection des mineurs dans les médias, principe reconnu par la Directive européenne Télévision sans frontières, confié en France au Conseil supérieur de l’audiovisuel ;
- le principe de précaution, principe reconnu tant au niveau européen que français comme devant guider l’action des pouvoirs publics en matière d’environnement comme de santé publique.
"

vous pouvez télécharger deux annexes

- Annexe 1 : Les enjeux psycho-affectifs (fichier pdf - 60 ko)

- Annexe 2 : Les enjeux éducatifs (fichier pdf - 40 ko)

ou visiter leur site

 

ici, un site avec une émission sur la publicité pour les enfants à la télévision, et ici un autre site idem

Des sites de télévision: BabyFirst , Babytv , Gulli , Boomerang ,

 

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1. L'enfant au siècle des images. Claude Allard. Albin Michel, Paris, 2000 p.223

2. Article paru dans Le Monde du jeudi 22 novembre 2007 Martine Laronche